Comment s’est passée cette première expérience d’évaluations massives en ligne ? Plutôt mal.

Covid19 oblige, les universités et hautes écoles ont, pour la plupart, opté pour des examens en ligne…

Une révolution sans transition ni préparation qui impacte négativement les étudiants, les enseignants et les écoles.

Des étudiants face à l’imprévu

Si vous pensiez qu’un examen évaluait les compétences d’un individu, vous vous trompiez. Un examen n’évalue que la performance d’un.e participant.e à un moment T.

De nombreux biais, tout à fait extérieurs aux savoirs et savoirs-faire, peuvent avoir un impact négatif sur la performance. Dans la situation qui nous occupe, on peut notamment identifier aisément :

  1. Le stress : il peut pousser à « perdre ses moyens », expression bien connue. Déjà boosté par la situation d’examen, ce sentiment est encore accentué par un contexte d’évaluation inconnu et l’utilisation de nouveaux outils.
  2. L’environnement technologique : qui, s’il ne fonctionne en plus pas parfaitement, engendrera – outre du stress – des problématique au niveau de la mesure. Etudiants déconnectés, latence pour l’enregistrement des réponses, test non accessible, … autant de couacs qui vont impacter les résultats.
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Ainsi, c’est en titrant « Pleurs, cris d’angoisse« , ou encore « Les étudiants n’en peuvent plus, c’est un fiasco« , que RTL INFO relate cette expérience.

Des enseignants qui ne savent plus sur quel pied danser

Après avoir dû adapter tous leurs cours et leur méthodologies d’enseignement, avoir dû apprendre à utiliser de nouveaux outils d’enseignement en ligne, appuyés ou non par l’école, après avoir dû travailler sans compter leurs heures pour digitaliser, suivre les étudiants de manière individuelle et démultiplier les groupes de participants afin de respecter les normes sanitaires … encore fallait-il évaluer.

Photo by Daniel Jensen on Unsplash
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Or, en fonction de l’institution, les enseignants sont plus ou moins experts théoriques, experts terrains et plus ou moins pédagogues… Et tout pédagogue n’est pas docimologue. Bref, ça n’allait pas être simple d’adapter les évaluations. Alors, elle n’ont généralement pas été adaptées.

Un des aspects contextuels qui n’a pas été pris en compte (ou plutôt : pour lequel on a préféré accepter le risque plutôt que de le gérer, car on n’avait ni vraiment de solution, ni vraiment de temps), c’est la questoin de la triche.

Résultat ? Des étudiants ont triché.

Photo by Priscilla Du Preez on Unsplash
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Comme le disent les journaux :

Mais à cause de quoi ? Le premier réflexe des enseignant, pour ne pas dire du public, est de faire porter le chapeau à la technologie ou à l’aspect décentralisé de l’examen.

« Que faites-vous contre la triche ?! » est d’ailleurs une demande très récurrente qu’on nous pose à propos de notre plateforme Docimo.

Voyons ensemble les différentes possibilités :

  1. Restreindre l’accès au questionnaire avec mot de passe ou par IP : ne survit pas à des moyens de communications entre étudiants et ne restreint pas l’accès aux ressources d’information. Qui plus est, la contrainte d’IP peut-être contournée par VPN, voire poser des problèmes d’accès à des étudiants.
  2. Empêcher l’évalué.e de changer d’écran : des solutions applicatives permettent de coincer l’écran d’ordinateur sur la page d’examen. Toutefois, à l’heure des smartphones, tablettes et autres devices, ces barrières ne survivent pas non plus à des moyens de communications entre étudiants et ne restreignent pas réellement l’accès aux ressources d’information via l’utilisation.
  3. Surveiller l’écran de l’évalué.e : complexe à mettre en oeuvre, surtout dans un environnement non-contrôlé. Ne permet pas de restraindre l’accès à d’autres outils d’information et de communication.
  4. Surveiller la webcam de l’évalué.e : cette technique s’appelle le proctoring, mais elle revient à avoir un surveillant borgne tourner dans un grand auditoire. Savoir qui est devant un écran ne permet ni d’identifier formellement une personne, ni d’être certain.e que c’est bien lui ou elle qui passe l’examen, ni même de contrôler son environnement technologique (autres outils d’information et de communication).

Contrairement au premier réflexe : la réponse ne réside pas dans le changement de la technologie, mais dans le changement des questions. Autrement dit, on demande à la technologie de corriger, pour les évaluations à distance, un biais qu’on n’arrivait pas à gérer en présentiel.

A distance, donc, on n’évalue plus de la connaissance pure, ça n’a pas de sens puisque les ressources sont à disposition. On mesure des niveaux taxonomiques plus élevés : compréhension, application, analyse, synthèse, …

La compréhension, l’application et l’analyse peuvent être évalués par QCM. Si vous choisissez de les évaluer en question ouverte, prenez soin de créer des grilles de correction objectives.

Partez du principe que l’étudiant à accès à de l’information, voire à l’occasion de communiquer avec les autres, mais demandez des productions personnelles ou interrogez sur des niveaux taxonomiques élevés avec une contrainte de temps importante qui laisse un moindre accès aux ressources externes. Et n’oubliez pas d’entraîner vos étudiants à l’utilisation de l’outil préalablement à l’examen.

Des écoles bousculées

+9% de réussite à l’ULiège: pour le recteur, «la tricherie n’explique pas tout», titre La Meuse.

Photo by Ali Yahya on Unsplash
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C’est clair, je n’étais pas prof dans toutes les écoles, mais je peux déjà vous parler des portfolios d’HEC-Liège et de l’IFAPME Liège-Huy-Verviers où le message était clair : on ne moffle que les étudiants qui n’ont vraiment pas joué le jeu …

Et pour cause : le titre du Soir : « Examens: une première menace de recours à l’UCLouvain« . Et les recours, les écoles n’aiment pas ça.

Bonne année pour les étudiants cherchant à passer à l’année suivante donc (bien que depuis le décret paysage … ce n’était déjà plus trop compliqué). Moins bonne pour les diplômés qui devront justifier la crédibilité de leur titre.

Moins bonne année également pour les enseignants, qui héritent aujourd’hui de classes encore plus grosses, à gérer toujours à distance ou en petits groupes.

Docimo

ITinera-Group est une spin-off belge spécialisée en évaluation des compétences. Experts en méthodologie d’évaluation, nous avons développé Docimo, un logiciel qui vous accompagne dans la création, l’organisation et l’analyse de vos examens tout en respectant un processus qualité scientifiquement validé.

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